Né le 15,01.1915 à Asnières (Seine).
Diplômé d'études supérieures d'allemand en 1938. Son mémoire étudie l'ceuvre d'un Allemand, poète ouvrier chaudronnier : Heinrich Lersch (1886-1936)
Lecteur à l'Université de Marbourg (Allemagne).
Mobilisé comme élève officier de réserve à St Cyr, il en sort aspirant en janvier 1940.
Envoyé d'abord dans les Alpes puis, le 7 mars 1940, en Algérie à Sidi-Bel-Abbes, où il est incorporé au 1' régiment étranger de la Légion. Le même jour, il est affecté à la compagnie portée qui, le 24 mai 1940, fait mouvement à Fériana (Tunisie) pour contrer la menace italienne.
Nommé sous-lieutenant le 1er juin 1940.
Après l'armistice, il participe, avec une compagnie de travailleurs, à la construction d'un tronçon du chemin de fer transsaharien.
De retour en France en octobre 1941, il est nommé professeur d'allemand en novembre de la même année au lycée Voltaire de Paris. En 1942, il reprend contact avec son ancien instructeur de St Cyr, le capitaine Casanova.
Au début de mai 1944, c'est à ce dernier que s'adresse un autre de ses anciens élèves de St Cyr, Bernard Moreau, responsable, au sein du mouvement « Résistance », du nord de la Puisaye (Yonne).
Attendant les prochains parachutages d'armes qui vont équiper le « Service National-Maquis », il lui demande l'envoi d'officiers jeunes et expérimentés pour instruire et commander les volontaires qui rejoignent les camps du S.N.M. dans l'Yonne.
Peu après, Bernard Moreau voit arriver chez lui, à Villiers-St-Benoît, Guy de Kergommeaux affecté au maquis de Merry-Vaux et Raymond Travers. Celui-ci lui confie qu'il veut, comme officier, préparer et conduire l'action des jeunes F.F.I. pour éviter le gâchis et limiter les dégâts. Parlant allemand, il croit pouvoir empêcher les tueries inutiles.
Ainsi en témoigne Bernard Moreau : « ...J'avais été frappé de l'importance qu'il attachait à la vie des hommes engagés dans le combat. C'était visiblement sa préoccupation essentielle, celle qui justifiait le plus sa prise de commandement d'une unité de maquis. »
En juin, Travers, instruit les jeunes du maquis Houette-Bréval (National-Maquis n°1 de l'Yonne) à La Coutelée (Lavau), où il a été nommé. Certains se souviennent encore de l'efficacité de cette formation militaire.
Il commande diverses actions et entre autres :
- opération d'intendance sur un dépôt de vivres à Châtillon s/ Loire ;
- baptême du feu lors d'un accrochage avec un barrage allemand à Nogent-sur-Vemisson ;
- commémoration du 14 juillet 1944 où, à la tête d'une section, il entre dans Bléneau et fait rendre les honneurs au monument aux morts sur lequel il a planté un drapeau tricolore à croix de Lorraine. Un poste radar allemand est alors à moins de deux kilomètres du bourg.
Le 23 août 1994, il est en embuscade sur la route de Rogny, devant les Chaumes-Blanches. Prévenu par un agent de liaison de la présence d'une troupe d'Allemands à Bléneau, il partage sa section en deux, une partie va bloquer le sud du bourg vers la route de Breteau, tandis que lui-même, prenant la tête du reste de ses hommes, accourt, guidé par l'agent de liaison, pour barrer la route du nord, celle de Champcevrais. Mais, alors qu'il est encore dans le stade, les premiers coups de feu éclatent dans Bléneau. Les Allemands, alertés, tirent dès qu'il débouche sur la route. Immédiatement, il fait riposter par son unique fusil-mitrailleur Bren. Abrité derrière un arbre qui borde la rue, il désigne les objectifs au F.M. Après une longue fusillade, il profite d'un arrêt du feu pour interpeller les soldats ennemis qui sont cachés dans les maisons ou sur la place. En allemand, il leur explique longuement qu'ils n'ont rien à craindre, qu'ils seront traités en prisonniers de guerre s'ils se rendent. Pour leur donner confiance, il s'écarte de l'arbre et se montre à découvert. Une rafale venue de la place l'atteint à la poitrine, il tombe. Son mitrailleur rampe vers lui pour le panser. « Non, c'est inutile, je suis mort. Replie toi avec ton F.M. ». Un autre de ses hommes le met à l'abri derrière un arbre et se couche près de lui, Travers râle.
Au même moment, un groupe de quatre ou cinq cyclistes ennemis venant de Champcevrais débouche sur l'arrière des F.F.I. Surpris, le plus proche des Allemands est abattu. Il gît, râlant, à quelques mètres de Raymond Travers. Après un temps, le garçon qui a secouru son lieutenant vient dire à ceux qui tirent toujours : « Il est mort ».
À la fin de la journée, les Allemands se sont repliés sur Villeneuve-les-Genets, laissant 3 morts, 6 blessés et 48 prisonniers. Le corps de Travers est alors relevé et déposé dans une chapelle ardente dressée dans son salon par une habitante, Madame Verrier. Elle montre là un beau courage en veillant le corps, avec sa gouvernante Jeanne, au mépris du risque encouru, car à la nuit, un groupe d'artillerie allemand s'est installé dans le bourg.
Le 26 août, après une messe à l'église, le lieutenant Travers est enterré dans Bléneau enfm libéré. Peu après, sa famille ramènera sa dépouille à Paris où il sera inhumé au cimetière Montparnasse, le 27 septembre 1944.
Novembre 2001
Beaucoup des présentes informations ont été réunies par Monsieur et Madame Tiesset, actuellement professeurs d'allemand au lycée Voltaire ; d'autres détails sont dus à B. Moreau ou se trouvent dans les témoignages de 3 soldats de Travers qui étaient à ses côtés le 23 août 1944. Ces témoignages sont déposés aux archives de la mairie de Bléneau.